Si vous suivez cette page depuis quelques temps, vous le savez. On ne va pas vous l’apprendre… Le numérique a un impact environnemental et social à ne pas négliger.
Le volet prospectif de l’étude ADEME sur l’impact du numérique en France montre que, sans changement, l’empreinte carbone du numérique pourrait augmenter de 45 % d’ici à 2030 par rapport à 2020.
Et si le numérique peut être utile pour réduire l’empreinte environnementale de nos activités, il faut pourtant l’utiliser avec tempérance et modération.
A propos de cette étude
Ce rapport est une commande interministérielle et vient en réponse aux diverses injonctions concernant les technologies numériques et leur éventuelle contribution à la réduction de l’empreinte carbone nationale.
C’est une première publication qui propose une analyse « qualitative », et nous travaillons déjà à évaluer « quantitativement » un peu moins de 10 cas d’usage, à l’aide d’une approche par analyse de cycle de vie conséquentielle. Ces résultats chiffrés seront progressivement dévoilés, au troisième trimestre 2025 et premier trimestre 2026.
Nous vous proposons aujourd’hui de mettre en lumière quelques cas d’usage dédiés à l’agriculture.
Focus agriculture
Cas d’usage : Optimisation des trajectoires des engins agricoles (autoguidage avec technologie GPS RTK)
Effets environnementaux positifs escomptés : permettre l’optimisation des trajectoires des engins agricoles
=> diminution de la quantité de carburants consommée
=> diminution des intrants (produits phytosanitaires et fertilisants) due à une minimisation des recouvrements
Autres effets anticipés :
- Réduction du stress et de la fatigue associés à la conduite avec guidage manuel.
- Baisse de la consommation en intrants et en carburants = gains économiques et gain de temps.
Effets rebond à anticiper :
- Réallocation de ces gains à une extension de la surface d’exploitation
- Réallocation de ses gains à d’autres consommations ayant leurs propres impacts
Cas d’usage : Aide à l'optimisation de la ressource en eau
Effets environnementaux positifs escomptés : permettre une optimisation de la quantité d’eau utilisée au “juste assez”
=> réduire les besoins en eau des exploitations
Sur l’indicateur eau, l’agriculture représente 9% des prélèvements d’eau douce en France, mais surtout 58% de la consommation, principalement pour l’irrigation des cultures.
Autres effets anticipés :
- baisse des prélèvements d’eau et des impacts associés (transport, pompage, etc.).
- combler au mieux l’écart entre rendement potentiel théorique et rendement limité par l’eau
Effets rebond à anticiper :
- Augmentation des rendements peut se traduire par une augmentation de la production avec la même ressource eau
- Réallocation du gain économique à plus de consommation en eau
- Réallocation du gain économique à d’autres consommations ayant leurs propres impacts
En conclusion
La numérisation du secteur agricole est en cours, mais elle n’apparaît pas comme une composante essentielle de la transition du secteur au regard des leviers environnementaux identifiés.
Les enjeux principaux sont par exemple : la baisse des émissions de l’élevage, la transformation des types de culture, des modèles de production agricole ou l’amélioration du stockage de carbone dans les sols par des pratiques agroécologiques.
Seul l’enjeu lié à la consommation d’eau (58 % de la consommation nationale) peut paraître stratégique et prioritaire.
Cependant, à grande échelle, le potentiel d’optimisation de l’irrigation grâce aux solutions numériques apparaît très faible par rapport aux autres propositions qu’elles soient agronomiques (changements de modèles et pratiques agricoles), matérielles (révision du matériel d’irrigation et des modes d’irrigation) ou encore technologiques (réutilisation de l’eau traitée, agri-voltaïsme, etc.).
Et ensuite ?
Nous aborderons les autres secteurs bien vite sur cette page (Industrie de l’énergie, Industrie, Mobilité et transport, Bâtiment, Ville et collectivités).
Nous remercions chaleureusement l’équipe du projet IT4Green avec qui nous avons travaillé sur cette étude : Julie Delmas-Orgelet (DDemain), David Ekchajzer (Hubblo), Laurent Eskenazi (Hubblo), Erwann Fangeat (Ademe Alt Impact), Eric Fourboul (Hubblo), Kelly Le Goff (Mavana), Fabienne Lefèvre (Mavana), Gillo Malpart (Mavana), Gauthier Roussilhe.
N’hésitez pas à les suivre aussi, ils partageront également d’autres enseignements intéressants sur leurs pages respectives